Stratégies de tromperie en littérature et dans les pratiques culturelles (Bertrand Gervais, UQAM (Canada); Philippe Marion, U. Louvain-la-Neuve (Belgique))

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05 novembre Vendredi

Stratégies de tromperie en littérature et dans les pratiques culturelles (Bertrand Gervais, UQAM (Canada); Philippe Marion, U. Louvain-la-Neuve (Belgique))

05 novembre 2021, 11:00 - 05 novembre 2021, 13:00

11h-13h (heure d’été du Québec) / 16h-18h (heure normale de France)

Bertrand Gervais
Université du Québec à Montréal

« Pister, dépister: détourner (l’économie de) l’attention en culture numérique (prise 2) »

Nous vivons entourées de fictions et d’écrans, de fictions diffusées par des écrans. Ce sont des fictions, en ce sens que les valeurs de vérité de ces images et récits qui nous entourent et que nous consommons ne peuvent être établies de façon assurée. Tant qu’elles restent dans le flux qui les voit apparaître, tant qu’elles se succèdent à ce rythme trépidant que nous leur connaissons, elles échappent à tout contrôle, à toute vérification. Bien entendu, nous pouvons extraire une information de son contexte et l’examiner dans son rapport référentiel, stopper la machine pour en vérifier le fonctionnement. Mais nous ne le faisons que sporadiquement, lorsque pressés par une incohérence ou une urgence quelconque.  

En culture de l’écran, la feintise (Schaeffer) n’est plus une convention partagée, mais une modalité fondamentale de notre être au monde, une des composantes essentielles de cette interface que notre imaginaire déploie. Nous faisons semblant de croire à la vérité de ce que les écrans diffusent, sachant qu’à défaut d’être authentiques, ces récits ont l’avantage d’être partagés et de nous servir de référence commune. Ils permettent de tisser des liens, d’assurer une intercommunication, de meubler cette interface qui nous lie, mais sans pour autant être véridiques. Ils sont vrais comme des romans peuvent être dits vrais, c’est-à-dire que leur vérité est au second degré, elle est symbolique plutôt qu’effective. Elle réunit plutôt que de référer. 

Dans le cadre de cette séance du séminaire consacré aux « Frictions de la fiction : stratégies de tromperie en littérature et dans les pratiques culturelles», je m’arrêterai au projet « Nouvelles de la colonie » qui hante les murs de la plateforme Facebook. Œuvre collective, animée par des avatars aux noms atypiques (Ivan Arcelov, Limitrova Olga, Anna-Maria Wegekreuz, etc.), cette série littéraire joue avec les limites de la fiction, procédant à un détournement du réseau social à des fins « révolutionnaires ». Cette fiction participe d’une raison numérique (en opposition à une raison graphique) et se déploie en fonction de principes que je décrirai afin d’en comprendre les soubassements.

Professeur titulaire au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal, Bertrand Gervais est le titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les arts et les littératures numériques, ainsi que le directeur du NT2, créé en 2004. Il est le chercheur principal du partenariat CRSH Littérature québécoise mobile (2019-2024). Il a fondé et dirigé Figura, le Centre de recherche sur le texte et l’imaginaire de 1999 à 2015. En 2018, il a reçu le Prix d’excellence pour l’informatique dans les arts et les sciences humaines de la Société canadienne des Humanités numériques et il a été élu à l’académie des arts, des lettres et des sciences humaines de la Société royale du Canada. Il mène des recherches sur les théories de l’imaginaire, sur le contemporain et sur le numérique. Ses derniers titres sont :  Mind the Gap! Attention à la marche! ((édité avec Sophie Marcotte, aux Presses de l’écureuil, 2020); Architectures de mémoire (édité avec Jean-Marie Dallet aux Presses du Réel, 2019), Soif de réalité. Plongées dans l’imaginaire contemporain (un collectif paru aux éditions Nota Bene, 2018).

Philippe Marion
Université catholique de Louvain

« Images et séries culturelles de l’ivresse. Frictions diégétiques et musicalités circulaires »

Cette intervention propose de suivre les régimes de représentation de cette fiction par disjonction que constitue l’ivresse (dans les images de lanterne magique, de BD, de cinéma (Chaplin-Murnau), jusqu’aux pubs Smirnoff… Soit une sorte de mini archéologie visuelle de l’ivresse.

« Philippe Marion est docteur en sciences de la communication et maître en philosophie. Il est professeur de communication à l’Université de Louvain. Il est spécialisé dans les domaines de la narratologie comparée et l’auteur de plusieurs ouvrages.»

 

Details
Date: 5 novembre 2021
Time: 11 h 00 min - 13 h 00 min
Venue
Venue Name: En ligne
Organizers
Organizer Name: Renée Bourassa
Organizer Name: Jean Marc Larrue
Organizer Name: Samuel Szoniecky
Organizer Name: Fabien Richert