10h-12h (Qc) / 16h-18h (Fr)
* Pour participer en tant qu’auditeur.trice libre, écrivez-nous: contact@arcanes.ca
** La séance se tiendra sur la plateforme Zoom : le lien et les codes sont envoyés par infolettre aux personnes participantes.
Christian Desîlets
Université Laval
La dramaturgie des problèmes sociaux
Pour étudier la représentation publique des problèmes sociaux, Joseph Gusfield (associé à la deuxième école de Chicago) a jeté les bases d’une analyse sociologique dont l’une des originalités tient au fait que son cadre conceptuel emprunte aux arts de la scène. L’analyste est appelé à examiner la manière dont les activités et arguments des acteurs sociaux émergent sur la scène publique, en portant une attention particulière aux stratégies de mise en scène et aux procédés de scénographie qui, à cause de leurs fins persuasives, tendent à simplifier la causalité de tout problème social pour pouvoir l’attribuer à un conflit d’ordre moral, qui est le mode naturel de la délibération publique. Cette approche sociocritique souffre toutefois d’un biais constructiviste qui surestime les intentions de manipulation, et aussi du fait que Gusfield n’en a pas formalisé la méthodologie. Dans cette communication, nous revisiterons les principes de l’analyse dramaturgique, et présenterons une méthodologie opératoire qui est susceptible d’en contrôler le biais. Nous exposerons enfin quelques-uns des résultats que nous avons obtenus en l’appliquant à diverses causes sociales telles que promues au Québec par des organisations privées, publiques et parapubliques. Ainsi revisitée, l’analyse dramaturgique pourrait offrir aux acteurs sociaux, aux médias et, dans une moindre mesure, au public le moyen prendre conscience des dérives éthiques les plus courantes de la promotion des causes sociales.
« Christian Desîlets est professeur de publicité au Département d’information et de communication depuis 2006. Il enseigne la publicité sociale et la gestion de projets et des opérations en communication marketing. Il a piloté le développement d’un nanoprogramme de perfectionnement destiné aux gestionnaires des communications, une formation continue qui fait partie de l’offre de l’Académie de la transformation numérique de l’Université Laval. Il est membre du conseil d’administration de l’agence école Préambule.
Ses recherches se déploient sur deux axes. Le premier concerne la gestion intégrée des pratiques d’information et de communication en contexte numérique. À cet égard, il travaille à la mise sur pied d’une unité mixte de recherche en infocom numérique avec des partenaires du public et du privé, a développé un séminaire sur l’intelligence artificielle et la communication publique, et présenté un mémoire sur la transformation numérique des médias d’information devant la Commission de la culture et de l’éducation. Il travaille également à à conceptualiser et développer les cadres théoriques et méthodologiques de l’archivistique ouverte en plus d’expérimenter la valorisation d’archives de la publicité dans une approche collaborative et centrée sur l’usager. Outre des publications et conférences à l’international, ces travaux ont conduit à l’acquisition en 2019 des archives de l’agence Cossette par Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Le second axe de recherche est le prolongement de sa thèse sur la mise en marché de la sécurité routière au Québec. Ses travaux portent sur la modélisation de l’usage de la publicité en marketing social en fonction de ses effets dégressifs, et sur la mise en marché des problèmes sociaux sous l’angle de l’analyse dramaturgique développée par Gusfield.
Auparavant, il était vice-président directeur général de Cossette à Québec, où il a aussi été responsable des comptes gouvernementaux ainsi que ceux de clients locaux, nationaux et multinationaux. Son expérience des secteurs d’affaires couvre de nombreux domaines : alimentation, commerce de détail, culture, finances, industries et manufactures, médias, milieux associatifs, municipal, ressources humaines, tourisme et technologies.
Il a agi comme expert et conférencier pour diverses organisations d’État, dont l’Office de la protection du consommateur, la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail, le Conseil des relations interculturelles, le Secrétariat à la condition féminine, le Ministère de la santé et des services sociaux, le Ministère de la culture et des communications, le Secrétariat à la communication gouvernementale et le Conseil exécutif. »
Source de la biographie : Faculté des lettres et des sciences humaines, Université Laval
Sylvie Leleu-Merviel
Université Polytechnique Hauts-de-France
Se parler malgré la mort. Les illusions spectrales
Le patrimoine est habituellement constitué de biens matériels chargés de passé, mais bien présents ici et maintenant. Cependant, le patrimoine dit immatériel se distingue du précédent par son absence d’externalisation immédiate sur un support physique : il vit par et dans les êtres humains qui l’incarnent et le portent. Ainsi défini, le caractère incarné du patrimoine immatériel pose la question de sa persistance, via sa transmission par-delà la disparition de ceux qui le vivent ou l’ont vécu au présent. Comment construire les traces de cette mémoire ? Comment les conserver ? Qu’en faire ? Comment les rendre accessibles, certes, mais aussi attractives, utiles ? C’est à ce type de questions qu’a tenté de répondre le projet ANR MémoMines, consacré à la mémoire des mineurs. Diverses solutions techniques transposent la mémoire incarnée des mineurs en médiations numériques, qui perdurent dans le temps au-delà de la disparition des témoins, à la fois en ligne et à distance, et en présentiel dans les lieux de mémoire. Ainsi les illusions spectrales de témoins historiques nous parlent-elles par-delà la mort.
« Sylvie Leleu-Merviel est Professeur en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, où elle dirige l’École DREAM (Développement, Recherche, Enseignement en Audiovisuel et Médias Numériques) et le Laboratoire DeVisu (Design Visuel et Urbain). » (source : Cercle K2) «Les recherches personnelles de Sylvie Leleu-Merviel portent sur l’ingénierie du document, l’intelligence informationnelle et le «faire-sens» humain, avec deux terrains applicatifs : les nouvelles écritures, notamment audiovisuelles et en médias numériques, et le concept d’information en contexte de décision pour l’action. Plus concrètement, ses recherches sont appliquées au management de projet et à la qualité pour l’industrie de programmes et la création de contenus, tout spécialement en phase de conception où l’émergence des nouvelles technologies et la nécessité d’un renouvellement créatif induisent une révision complète des notions de scénarisation, de mise en récit, d’accès à la signification, des choix de dispositifs et plus généralement d’écriture. La qualification de l’expérience usager et la mise en oeuvre de méthodes innovantes pour y accéder permet en aval l’évaluation des innovations produites. » (source : LARSH)